Le plaisir ne peut-il être que prédateur?

FRANCE-CULTURE

Comment le plaisir se manifeste-t-il dans le capitalisme ? Peut-on penser le plaisir hors des dualismes induits par rationalité moderne ? Suffit-il alors de se “soucier des autres” pour repenser le plaisir en dehors d’un cadre de domination ?

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La nouvelle frugalité à mettre en œuvre, à laquelle la « fin de l’abondance » semble faire référence, implique de regarder avec méfiance et critique certains de nos plaisirs : nous déplacer loin pour faire de beaux voyages (quand nous avons les moyens) ; ou encore manger des fruits et légumes venant de très loin, mais aussi de la viande, car l’élevage de bovin ponctionne énormément les ressources naturelles de la planète. La question du plaisir est donc centrale. Certains courants écologiques nous disent aussi que nos plaisirs les plus prédateurs à l’égard de l’environnement sont surtout masculins, ainsi le goût pour la viande et les barbecues, que les femmes partageraient beaucoup moins. Il y a même un courant, l’écoféminisime, qui n’est pas récent mais retrouve un nouveau souffle, pour lequel il faut penser la domination de la nature et la domination du féminin comme ayant la même racine masculiniste.

Une éthique écoféministe

L’écoféminisme est un mouvement qui émerge dans les années 1970. En 1974, une féministe française, Françoise d’Eaubonne invente le néologisme “écoféminisme” dans Le féminisme ou la mort pour relier féminisme et écologie. Ce féminisme travaille à proposer des modèles alternatifs à celui du libéralisme fondé sur des oppositions binaires qui reconduisent les logiques de domination du système patriarcal et capitaliste. Aussi, la domination des femmes et de la nature par les hommes est liée au fait de les considérer comme objets et non comme sujets. Pour contrer cette logique, il semble nécessaire d’étendre la dimension du soin et de l’attention à la seule sphère des humains pour considérer l’ensemble du vivant.

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Jeanne Burgart Goutal explique qu’un des « contresens de l’écoféminisme » est de considérer à tort que ce courant fait des femmes, des êtres, plus proches de la nature que les hommes. Alors, que l’écoféminisme se demande davantage pourquoi une telle représentation sociale occidentale existe et analyse cette association entre femmes et nature. Aussi, l’écoféminisme réalise une expérimentation de possibilités d’autres formes de vie. Estelle Ferrarese explique que « la politique doit se faire non pas à partir de principes appliqués mais par le biais d’une vie menée autrement ».

Renforcer, convertir, transformer les corporéités genrées. L’incidence des socialisations secondaires

Dossier de la revue SociologieS coordonné par Marie-Carmen Garcia, Mélie Fraysse et Pierre Bataille

Depuis les années 1980, la sociologie a montré l’importance du corps dans la production et la reproduction des différences et de la hiérarchie entre les sexes . L’histoire du contrôle des sexes dans les grandes compétitions sportives ou les chirurgies de réassignation sexuée chez les nourrissons intersexes sont à ce sujet des exemples particulièrement probants du travail symbolique et matériel que nécessite, tant au niveau individuel que collectif, la catégorisation de sexe sur la base d’éléments anatomiques. Les corporéités sexuées « dynamisent tous les champs du social » (Kergoat, 2012, p. 100) dans la mesure où être identifié.e comme « homme » ou « femme » revient avant tout à présenter un corps avec les marqueurs physiques légitimes d’apparence d’une ou l’autre des catégories de sexe. Or, depuis les années 1990, la « nature différente » des sexes fait débat à l’intérieur de l’espace scientifique, comme dans d’autres espaces de la vie sociale. Ce dossier regroupe des articles sociologiques renouvelant la problématique de la sexuation des corps.

En accès libre :

https://journals.openedition.org/sociologies/18376